lundi 14 décembre 2009

LE DRAGON DE FEU

Je dois l’aider, je tiendrai les armes, comme des bistouris. Il emprunte le chemin du péril, je le pousse, et il faut que je lui fasse absolument confiance, car si je défaille, il trébuche, et le dragon d’un coup de queue l’achèvera. Il faut tout notre courage, à deux mains, à trois têtes, chaque pas peut-être en faux. Essoufflés, nous nous arrêtons singuliers sur la crête verte, et le village en bas est suspendu. C’est lui qui doit le tuer, moi je ne suis que la donzelle, mais c’est n’est pas un moindre rôle. Mes seins en coupe de la victoire promettent. Il les regarde, reprend son souffle et en chemin !

Pas après pas, j’espère et me concentre, le danger ne sent pas bon. Mais fermer les narines est innocence révolue.

Il veut faire des essais, je lui passe la lance, un peu trop grande, il chancelle, tombe et s’écorche le visage. Il saigne. Il n’accepte pas mes soins. Là, j’appelle l’ange.

Il vient, mais n’a pas le droit d’intervenir. C’est son ange à lui qu’il faudrait en secours, mais je n’ai pas la connectique. L’égratignure, (non pas de l’ange) vexe, mais le renforce. Il n’est pas à cela près. Nous continuons à trois, qui sait, moi aussi le soutien m’importe, et je m’inquiète de sa trop grande fierté. Son presqu’orgueil. Les anges savent-ils comment arranger ça ?

Mais chasse mouche qui passe, ce n’est pas le moment de considérer, la crête est sinueuse et la nuit vient, il va falloir se hâter. Une nuit passée dans un repli de la montagne nous affaiblirait.

Tout d’un coup, il s’arrête et recule. Il a vu l’orifice de l’antre et se met à pisser. Il pisse, il pisse, garçonnet qui a peur, il a honte, il crie de désespoir et me blesse, il ne sait pas où se mettre, où se cacher de lui-même, de nous, de vous tous qui le harcelez. Il hurle et je suis obligée de le bâillonner. Le dragon est terrible s’il se réveille. Il va falloir patienter.

Camper sur la montagne. Dormir sur des rochers pointus. Oter le pantalon et le sécher au soleil. Je suis prête à l’effort ? Mon ange… L’ai-je surestimé ?

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